Le magazine Le Temps alerte les parents sur les dangers des réseaux sociaux, en particulier Instagram sur lequel ont trouve de nombreuses photos d’enfants. Attention danger : « Entre hypersexualisation, abus de Photoshop et pédocriminalité, immersion dans un monde pas si innocent ».
Une mine d’or pour la pédopornographie
De plus en plus de comptes spécialisés dans la diffusion de photos d’enfants apparaissent sur Instagram. Babiesofinstagram, Cute.beautiful.babies ou encore Childrenofinstagram sont suivis par des dizaines de milliers de personnes en quête de joues potelées à admirer. Leurs propriétaires, qui se gardent bien de révéler leur identité, obtiennent les photos directement des parents qui les leur envoient, ou simplement en effectuant des recherches sur la plateforme. Trop souvent, les parents ignorent (ou préfèrent ignorer) que la photo de vacances de leur bambin sur la plage peut être visible par 600 millions d’utilisateurs, y compris les plus mal intentionnés.
En 2013 déjà, certains usagers d’Instagram en Amérique du Nord récupéraient des photos d’enfants pour s’adonner à des jeux de rôles. Une fausse identité était créée pour le bébé, permettant à de jeunes adolescentes de jouer à la maman par commentaires interposés. Parmi les adolescentes mal dans leur peau se cachaient aussi des pédophiles profitant de ces images. En décembre dernier, Sijmen Ruwhof, spécialiste néerlandais de la cybersécurité, a démontré que des millions de photos d’enfants en circulation sur un site pédopornographique russe provenaient d’Instagram et de Facebook. Toutes les photos postées innocemment par des parents trop peu au courant des risques constituent une base de données presque infinie pour les pédocriminels.
Parents mal informés
« Aucun parent n’a envie de s’imaginer qu’un pédophile puisse se masturber sur une photo de son enfant alors que c’est ce qui peut arriver, même sur des images qui paraissent anodines », explique Justine Atlan, directrice d’e-Enfance, une association française de protection de l’enfance sur Internet.
« Il faut éviter toutes les images de nudité. Il ne faut pas se leurrer sur la façon dont elles peuvent être récupérées et ensuite utilisées, donc pas de photo dans le bain ni même en maillot sur la plage ». Selon elle, « les parents devraient se poser des questions que manifestement ils ne se posent pas. Ça ne part pas d’un mauvais sentiment mais il y a une forme de naïveté et de méconnaissance à la fois des droits de l’enfant et des risques inhérents au numérique ».
« Souvent les parents n’ont pas conscience que leur enfant est né avec son propre droit à l’image et qu’ils ne peuvent pas en disposer tout seuls de manière inconsidérée ». Alors que l’on répète sans cesse aux adolescents de faire attention à ce qu’ils publient sur Internet, les plus mal informés restent encore les parents. Pour Tiziana Bellucci, directrice générale d’Action innocence, organisation suisse non gouvernementale de prévention et de protection des enfants et des adolescents sur Internet, « il y a un travail énorme de prévention à faire. Les parents ne savent pas utiliser les réseaux sociaux, ce sont d’ailleurs souvent leurs enfants qui leur expliquent comment changer les paramètres de confidentialité ».
Pour éviter que des photos soient récupérées à mauvais escient, il est par exemple primordial de rendre son compte Instagram privé. Aux parents, Tiziana Bellucci répète toujours qu’aujourd’hui sur Internet « tout est public et c’est à nous de le rendre privé. Les parents des petites instagrammeuses de 5 ou 8 ans utilisent de toute façon leur enfant à des fins commerciales, leur objectif est très clair. J’ai plus d’inquiétudes pour ceux qui le font sans cette vocation mais sans être au courant des risques qu’ils prennent », ajoute la directrice générale d’Action innocence.
Retrouvez l’intégralité de « Instagram n’est pas un jeu d’enfant » sur Le Temps.
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