Si Hollywood rime avec paillettes, un cinéma moins reluisant a pris ses quartiers non loin, à San Fernando Valley : bienvenue dans la capitale mondiale du X, où la journaliste Laureen Ortiz, 35 ans, a mené une enquête, entre 2009 et 2017. Son livre Porn Valley raconte dans le détail les mutations de cette industrie de plus en plus portée vers le « hard-core ». Au-delà des clichés, il brosse aussi les portraits d’actrices attachantes. Résultat, un « road-trip » aux accents gonzo (jamais crado), à la première personne, qui marie économie, sociologie, et beaucoup d’empathie. Entre Hunter S. Thompson et Les Misérables.
« En 2008, alors correspondante de Libération à Los Angeles, je découvre cette vallée marquée par l’infamie, qu’aucun média sérieux n’évoque jamais, se souvient Laureen Ortiz, titulaire d’une maîtrise de sciences éco et diplômée de l’ESJ de Lille. « Porn Valley » est une sorte de grande banlieue où sont tournés les films X, pour moins cher qu’ailleurs. Ce paradoxe m’a interpellée : le porno est mal jugé, ses acteurs vivent dans la marginalité, et, pourtant, le X devient de plus en plus puissant, au point d’être présent sur toute la planète et de toucher un grand nombre de jeunes. Il façonne les imaginaires de façon sans précédent, cela aura forcément un impact ».
« Les filles en sortent avec des bleus, des blessures »
Assister à un tournage ? Elle y va à reculons : « Je n’étais pas à l’aise, mais les équipes font comme si de rien n’était ; on crie ‘Moteur ! Action ! Ça tourne !’, et puis chacun rentre chez soi ». Si le contenu des films n’est pas son propos, la journaliste s’inquiète d’une surenchère, liée à des enjeux de pouvoir. « Les scènes sadomaso dépassent les bornes, c’est de la torture déguisée. Les filles en sortent avec des bleus, des blessures ».