Le pendant de la pornographie, industrie qui chosifie le corps de la femme et lui manque de respect, serait-il la galanterie ? Une notion surannée que certains voient comme une manière de dissimuler une volonté de manipulation ou des désirs inavouables.
Dans son article publié le 22 octobre 2018 dans le Figaro, Philippe De Roux fait l’éloge de la galanterie :
La galanterie, socle d’une culture et du respect
Alors j’ose, car la galanterie, celle des preux de Chrétien de Troyes ou du « gallant knight » d’Edgar Allan Poe, a d’abord pour objet de civiliser les hommes. Elle est le socle d’une culture du lien et du respect, même si, comme toute tradition, elle est perpétuellement à réinventer. Par son histoire et sa pratique, la France y sera certainement un des terreaux culturels les plus fertiles, un anticorps puissant à l’apartheid des cœurs qui se joue sous nos yeux, même si cela se cantonne encore aux cercles d’une certaine élite, en particulier anglo-saxonne.
À l’heure de la grande industrie masturbatoire, qui a démarré avec les premières revues «spécialisées» de l’Amérique de la consommation de masse, s’est développée avec les représentations cunéiformes du Minitel Rose ou les expériences internet « amateur » et se poursuivra, selon l’implacable loi de Gabor, jusqu’aux figures lisses et blondes de robots de silicone ou d’hologrammes interactifs, les femmes n’ont jamais été autant réduites à l’état d’objets et les cerveaux masculins sur-sollicités dès leur plus jeune âge.
Une culture du porno omniprésente
Au Japon, la culture du porno omniprésente (dans le métro, il m’est arrivé plusieurs fois de voir, assis paisiblement à mes côtés, des lecteurs de mangas hyper trash) engendre une séparation sourde des sexes. De nombreux jeunes hommes préfèrent la jouissance mécanique et éphémère permise par les écrans plutôt que les raffinements complexes des conversations et des rapports avec la gent féminine. C’est devenu un phénomène social expliquant entre autres sa glaciation démographique.
En France, les addictions liées au porno sont de plus en plus dénoncées par des médecins de tous bords qui en voient les effets délétères chez les garçons, notamment les replis maladifs, la déconnexion du réel et la lente destruction de l’estime de soi. Le porno chic du mâle dominant s’étale partout, jusque sur les panneaux de JC Decaux, et il faudrait « en même temps » que les hommes, ces purs esprits maîtres de leurs regards comme de leurs érections (c’est bien connu), soient tendres, doux, sympas, « maternant », sans oublier bien sûr de rapporter à la maison leur pesant d’euros bien frais, comme autrefois dans la grotte ces rassurants cuissots de mammouth. Face à ces injonctions contradictoires couplées à un appauvrissement du langage de la séduction, de nombreux hommes « rendent tout simplement leur billet ». Le mouvement social de fond est plutôt celui du désengagement masculin que de la domination. C’est une source de précarité.
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