Tout est décidément possible dans le monde frelaté de la pornographie pour tous. Netflix a lancé fin avril une mini-série – 7 épisodes de 15 minutes – autour du sadomasochisme, version bondage. Sauf qu’ici on parle de Bonding (c’est le nom de la série) qui signifie en anglais « créer du lien ». Voyez comme c’est frais… D’ailleurs, les médias applaudissent le « sadomasochisme soft » qui sert de trame à ces saynètes imaginées par le réalisateur Rigthor Doyle.
« Soft », vraiment ? Cette « série décomplexée sur le BDSM » (dixit le site dédié à la culture jeune du très « mainstream » L’Etudiant, trendy.letudiant.fr) montre l’héroïne, Tiff, étudiante en psychologie le jour et « dominatrix » la nuit, affublée d’une panoplie de cuir noir et autres attributs classiques de la sexualité déviante, avec ses clients.
Netflix au service du BDSM et de l’hypersexualisation de la société
Impossible de citer ici l’ensemble de cet article qui fait la promotion de Bonding en direction des jeunes adultes, trop cru. Mais voici un échantillon : « Tous les tabous sautent et on se retrouve devant des scènes sado-masochistes plutôt explicites où des hommes sont montrés en train de prendre du plaisir à se faire pisser dessus, à se faire insulter méchamment ou encore à se faire fouetter les fesses ou écraser les pieds. » Frais, je vous dis !
Sous le titre « 3 bonnes raisons de regarder la série Bonding », la journaliste de trendy.letudiant explique tout le mérite qu’elle trouve à cette réalisation. D’abord, la fameuse Tiff (Zoe Levin) assure sa propre protection en travaillant avec un ami étudiant, homosexuel, forcément (Pete est interprété par un nommé Brendan Scannell). En réalité il s’agirait donc avant tout d’une belle histoire d’amitié entre une femme libérée et un gay sympathique.
“Bonding”, une série jeune pour démystifier le sado-masochisme
Deuxième « qualité » de la série : elle est « drôle et cocasse ». « Il faut bien un peu d’humour pour démystifier le fantasme du BSDM », explique-t-on.
Et surtout pour en faire un produit grand public ? Introduire sans en avoir l’air les étudiants et jeunes adultes à des pratiques dégradantes, tout en faisant de la réclame pour les masques, chaînes et autres attributs du sadomachisme, pour le plus grand bonheur des marchands ?
C’est d’ailleurs la troisième qualité que la journaliste trouve à Bonding : c’est « une série qui décomplexe ». Passons sur les détails scabreux pour retenir cette phrase d’anthologie : « On pourrait être gênés devant certaines scènes, mais on ne l’est pas car elles arrivent à nous toucher en s’attachant à montrer la fragilité de ces personnes et de ces fantasmes. »
Comme toujours lorsqu’il est question de « vendre » du porno en dehors des circuits officiellement dédiés à ce type de spectacles, on nous parle de la délicatesse des sentiments, des qualités artistiques de l’œuvre, de son humour, de sa sensibilité. Et en avant pour montrer n’importe quoi.
Le sado-maso « soft » ? Il fallait y penser !
En Belgique, la presse se montre tout aussi enthousiaste. L’édition en ligne de La Dernière Heure affirme sans complexes : « Avec cette nouvelle série, Netflix nous emmène dans l’univers du bondage : cette “pratique sadomasochiste qui consiste à attacher son partenaire dans le cadre d’une relation érotique ou sexuelle”. Courte et efficace (7 épisodes de 20 minutes), Bonding joue sur les implicites visuels et les sous-entendus. Elle parvient à briser des tabous en évitant tout jugement. Une réalisation féministe et LGBT à voir ! »
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