Tous les médias en ont parlé : au collège de Mios, gros bourg de près de 10.000 habitants dans les Landes, au sud de Bordeaux, une quinzaine d’élèves ont été exclus pour visionnage de pornographie au sein de l’établissement, à quoi s’ajoutaient des séances de masturbation en classe, des attouchements, de l’exhibitionnisme, et même la réalisation, sur place, de vidéos à caractère pornographique. Inquiétante en soi, la situation se révèle encore plus grave du fait de l’âge des enfants concernés : des élèves de 6e et de 5e. La tranche des 10 à 13 ans…
Tous ces gamins regagneront probablement leurs classes. L’innocence est brisée et les victimes côtoieront ces petits agresseurs au comportement animal appris en ligne.
Stop au porno se doit évidemment de commenter cette nouvelle qui, s’il faut en croire des micros-trottoirs réalisés par la chaîne BFM, n’est que la pointe de l’iceberg, puisque des collégiens d’ailleurs attestent de l’existence du même phénomène dans leurs écoles. Iceberg bien plus terrifiant que celui qui eut raison du Titanic, puisque ce n’est pas la mort des corps qu’il provoque, mais l’atteinte aux âmes. Mais qui ose encore dire cela ?
Une principale de collège public alerte les parents
Il est en tout cas remarquable que ce soit une principale de l’enseignement public, Florence Maquin, qui se soit émue de la situation au point d’envoyer une circulaire d’alarme à l’ensemble des parents d’élèves du collège de Mios. « Aussi tôt, chez des 6e, je n’ai jamais vu ça », a-t-elle expliqué à France 3 Aquitaine.
Sous-entendu : la pornographie au collège, ce n’est pas vraiment une nouveauté. L’inquiétude lui vient du très jeune âge des élèves concernés – qui explique peut-être qu’ils ne s’encombrent guère de précautions pour passer à l’acte. Les « attouchements des parties intimes » ont lieu aussi bien dans la cour de récréation que dans les toilettes où les collégiens s’enferment à deux ou à trois, déplore Mme Maquin. Il y a aussi ces garçons qui réclament des photos nudes (nues) aux filles – toutes ne s’exécutent pas, heureusement.
Florence Maquin dénonce une « hyper sexualisation » des jeunes et assez ouvertement les parents de ne pas faire face à leurs responsabilités : ils sont défaillants par rapport à la surveillance de l’utilisation d’Internet et du portable, à la mise en place de filtres… Voilà des jeunes pré-pubères qui accèdent sans difficulté à des contenus dits « adultes ».
La pornographie, omniprésente dans les collèges et lycées
Mais est-ce surprenant ? Stopauporno alertait en février en termes très explicites : « Parents, ouvrez les yeux : vos enfants appartiennent à la génération Youporn. » Avec ce rappel : « Aujourd’hui, bloquer un Smartphone avec le contrôle parental ne suffit plus. »
Qu’un seul enfant dispose de la dangereuse liberté de surfer sur le Web, et c’est tout un groupe de camarades qui peut être contaminé. À quoi s’ajoute la dramatique insuffisance des filtres, trop faciles à contourner aussi bien par les diffuseurs que par les internautes, et le « hameçonnage » des jeunes par des images qui éveillent leur curiosité tout autant que leur répulsion.
On ne saurait que se réjouir de la réaction de Florence Maquin, et de son appel aux parents. Coïncidant avec la sortie du livre d’Anne de Labouret et Christophe Butstraen, Parlez du porno à vos enfants avant qu’Internet ne le fasse, elle est un salutaire rappel au réel. À quoi certains parents de Mios se sont contentés de répondre que les faits rapportés étaient de simples « erreurs de jeunesse »…
Mais les solutions proposées sont-elles les bonnes ?
Collège ou parents : qui doit agir contre la pornographie
Mme Maquin a fait des réunions d’information avec les élèves, réunions dont les parents ont semble-t-il été informés par la suite ; elle fera intervenir les gendarmes pour parler des dangers d’Internet dès la rentrée prochaine, et si elle aimerait voir les parents faire preuve de davantage de vigilance, elle pense qu’il appartient aussi à l’école d’intervenir.
« Des constantes demeurent : la méconnaissance du caractère intime et privé de la sexualité, ainsi qu’une mauvaise gestion et usage des réseaux sociaux (compte non bloqué visible par tous). Ce qui engendre un comportement inadapté au collège et une mise en danger de ces enfants », a-t-elle écrit aux parents.
Mais ne faudrait il pas aussi soulever la question de l’« hyper sexualisation » de la société elle-même, et à laquelle les lectures en classe, les cours d’éducation sexuelle et la mixité au collège contribuent bien souvent aussi ?
La FCPE critique les propos de la principale de Mios
Pour la FCPE, la fédération de parents de l’enseignement public proche des syndicats d’enseignants, Florence Maquin est la preuve qu’on n’en fait pas assez dans l’enseignement public pour l’« éducation affective et sexuelle », puisque (souligne son communiqué) elle-même ne connaît pas le sens médical du mot « hypersexualisation ».
On est certes heureusement surpris de lire sous la plume de la FCPE : « L’on sait que, banalisée, la pornographie provoque chez des sujets très jeunes de véritables risques psycho-affectifs ainsi qu’un risque véritable d’addiction. »
Mixité et mainmise de l’Education nationale sur les enfants :
et si on posait les vraies questions ?
Tant mieux, il y a une prise de conscience – mais en même temps, la FCPE tire argument des faits pour prôner toujours davantage d’« éducation sexuelle » à l’école, en affirmant carrément que l’affaire « pose surtout la question de l’éducation à la sexualité, qui ne peut être de la seule responsabilité des familles. » Et de souhaiter davantage d’interventions d’associations, une plus grande transversalité de l’éducation sexuelle dans de multiples matières, bref, aller encore plus loin dans la sexualisation précoce des jeunes envers et contre les droits propres aux parents.
Où l’on comprend que le scandale de la pornographie au collège de Mios risque d’être utilisée pour augmenter la mainmise sur les enfants et leur entraînement à une sexualité sans tabous, fondée sur le libre consentement et le respect de l’autre, comme ils disent : une liberté limitée seulement par les exigences de ce que l’on pourrait appeler une « morale du plaisir partagé ».
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