Aujourd’hui, Yubo regroupe 20 millions d’inscrits dont 5 millions en France. L’application, une sorte de « Tinder pour adolescents » est fréquentée chaque jour par 500.000 utilisateurs actifs et a déjà diffusé plus de 50 millions de vidéos en direct depuis sa création.
Des «procès» en live
Mais cette « sucess story » cache une autre réalité, beaucoup plus sombre, conséquence d’une croissance trop rapide et mal contrôlée. L’application a été critiquée à de multiples reprises pour des faits graves de harcèlement. Premier problème: l’application est utilisée pour faire circuler des « nudes », ces photos où des adolescents, le plus souvent des filles, se mettent en scène tout nus. Le YouTubeur Le Rois des Rats, spécialisé dans la dénonciation d’abus sur les réseaux sociaux, a dédié une vidéo au sujet. Publiée fin mars, elle a été vue près d’1 million de fois.
Autre problème récurrent sur Yubo: le phénomène des « procès ». Ces vidéos en direct pendant lesquelles des utilisateurs, souvent des jeunes filles, se défendent devant d’autres utilisateurs d’avoir tourné des « sextapes » – extraits montrant un acte sexuel. Dans ces procès fictifs, ces derniers endossent des rôles spécifiques: il y a des avocats commis d’office, des jurés et même des juges qui donnent un verdict à l’issue de « l’audience ». Si elle est reconnue coupable, la victime reçoit des menaces à chaque fois qu’elle se connecte sur la plateforme. Elle est aussi insultée par message privé.
C’est ce qui est arrivé à Laure, élève de Terminale dans un lycée de Seine-Saint-Denis. L’une de ses surveillantes, qui est aussi auteure et journaliste, Nora Bussigny, a révélé son histoire. Elle confie au Figaro avoir été « complètement sous le choc » au moment où Laure lui a expliqué ce qu’il se passait sur Yubo. « Le pire, c’est qu’elle ne se rendait même pas compte qu’elle était victime de harcèlement. Les parents doivent surveiller ce que font leurs enfants sur cette application » explique-t-elle.
Une application « dérangeante », « horrible »,
où « le sexe a une trop grande place »
Contacté par Le Figaro, Enzo, 16 ans, élève de seconde et utilisateur de Yubo confirme. Il qualifie l’application de « dérangeante » voire d’« horrible » où « le sexe a une trop grande place ». « Il y a d’abord la partie de l’application dédiée aux «Live» qui sont assez malsains parce que tout le monde peut y avoir accès. On ne sait pas forcément qui se cache derrière certains profils, ça peut très bien être des pédophiles. Ensuite, il y a les conversations privées où des gens viennent s’abonner à ton profil seulement pour te demander des nudes », explique le jeune homme. Sans oublier les « charos », pour « charognards », ces hommes, plus ou moins jeunes, qui après avoir récupéré des nudes « se retrouvent dans des groupes privés sur d’autres réseaux comme Instagram ou Snapchat pour se les partager entre eux » explique Nora Bussigny.
L’intégralité de cet article sur le site du Figaro : Harcèlement, pornographie… Les gros problèmes de modération de l’application française Yubo
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