Bonjour,
Tout d’abord je tiens à faire part du soulagement ressenti lorsque j’ai découvert votre association. Je suis une jeune femme de 27 ans et ai toujours éprouvé un profond dégoût – je parlerai même de haine – vis-à-vis de n’importe quel support pornographique. Je n’ai jamais voulu en visionner, et si j’y fus confrontée, je détournais le regard, les larmes aux yeux et le cœur au bord des lèvres. Comment l’Homme peut-il se laisser aller à tant de dépravation ? Comment peut-il tirer un quelconque « plaisir » à la vision d’actes plus humiliants, plus répugnants les uns que les autres ? Où est le plaisir de la sexualité lorsque tout devient accessible, trop facile ? Mille et mille questions auxquelles ma seule réponse est la faiblesse primaire de l’Homme face à des tentations issues de désirs tout aussi primaires.
Je vis avec un jeune homme qui m’a trompée de nombreuses fois par le passé, et grand consommateur de porno. Lorsque je l’ai découvert, ce fut des émotions toutes plus violentes les unes que les autres : humiliation, sentiment d’être trompée à nouveau, honte, colère, sentiment de nullité, d’impuissance… Il a déjà fallu gravir des montagnes pour me relever de ses infidélités, découvrir qu’il regarde encore du porno a réduit tous nos efforts à néant. Pour autant, sexuellement, il n’en est pas atteint ; son désir est tous les jours présent, et il s’est découvert à nouveau -d’après ses dires -, ayant l’impression de n’avoir jamais connu de tels plaisirs auparavant.
Mais moi, je suis effondrée, détruite. J’ai l’impression que ma vie n’a plus de couleurs, plus de saveurs. Quels que soient ses efforts pour me faire plaisir Week-end en amoureux, sorties sportives, restaurants…), je ne suis jamais totalement heureuse ni épanouie. Ma libido est à zéro, et ce sont des crises de ménage régulières si je me refuse trop souvent à lui. Alors je fais semblant. Tout cet ensemble déteint sur mes sentiments, qui s’éteignent doucement, flammèche vacillante face au « tsunami pornographique ».
Je suis persuadée que ses infidélités, sa soif insatiable de conquêtes, étaient profondément liées à cette consommation de porno même en ayant une dizaine de filles différentes avec qui il entretenait une relation, il payait pour avoir une professionnelle à domicile. Cela fait deux ans bientôt que nous vivons sous le même toit après la terrible découverte de ses multiples vies et malgré ses efforts, immenses il faut le reconnaître, pour se faire pardonner et regagner ma confiance, chaque jour qui passe m’éloigne un peu plus de lui. Je n’ai pas eu la force de lui dire « non » lorsqu’il est revenu vers moi après ses tromperies – je l’aimais -, mais découvrir qu’il visionne encore du porno a tout fait s’effondrer à jamais. Dès lors que nous ne sommes pas ensemble, je suis persuadée qu’il en regarde, j’en deviens presque paranoïaque. J’ai découvert qu’il ne se gênait pas pour en visionner sur son lieu de travail, pendant ses pauses.
Bref, je pourrais continuer longtemps ainsi. Aujourd’hui, je le quitte, mais je tiens, par mon témoignage, à faire prendre conscience que le porno ne détruit pas que les êtres qu’il a avilis, mais qu’il provoque aussi d’immenses dégâts collatéraux. Ma vie sexuelle est à reconstruire, je n’éprouve plus de désir ni d’attirance pour qui que ce soit. Le jeu de séduction que l’on rencontre partout, dans la rue, la mode, les médias, m’irrite au plus haut point. Tout est sexuel en ce monde, et je désespère de rencontrer des personnes sachant faire preuve de réflexion et mettre de côté leurs pulsions sexuelles, pour vivre des moments de partage humains, sains, généreux et enrichissants.
Merci à vous d’exister, car je me sens moins seule dans ce combat contre la majorité revendicative et esclave du porno. Je serai ravie de pouvoir témoigner à nouveau, échanger avec un maximum de personnes, car j’ai le sentiment que cela fera partie de ma reconstruction. Je vis aussi le fait de témoigner comme un devoir face à ce qui dicte sa loi aujourd’hui et détruit des vies.
Merci pour votre lecture.