Depuis des années, les industriels ont compris le dicton anglais « sex sells » – « le sexe vend ». Si une certaine retenue a jusqu’ici tenu, celle-ci se fissure progressivement et l’heure est à une nouvelle offensive commerciale pour banaliser les images sexuelles au grand public.
L’espace public est le lieu par excellence où tout le monde se retrouve : la rue, le transport en commun, jeunes, vieux, enfants y passent forcément. Aujourd’hui, cet espace public est littéralement envahi de publicités mettant en scène des images à caractère sexuel. Cette évolution réelle, claire et concédée par tous, n’est pas sans conséquence. Tout a des conséquences. Notre environnement pétrit notre vision du monde, un environnement dans lequel le sexe est banalisé et commercialisé aura des conséquences inconscientes sur tous, et particulièrement les plus jeunes.
Avec des images de couples s’embrassant goulûment ou des organes sexuels simulés, les limites de l’acceptable sont reculées de jour en jour par les publicitaires qui se sont engagés dans une surenchère pornographique. Marc Dorcel, plutôt sobre (un comble pour une maison de production pornographique), affiche tout de même deux visages, lèvres contre lèvres en format 5 mètres par 3. La marque de préservatifs Durex prend à son tour le relai avec un message louable – le porno n’est pas la norme –mettant en scène un couple s’embrassant.
Mais une marque a dépassé toutes le limites et fait rougir les marques de porno et de préservatifs précitées, c’est Netflix qui placardait récemment des photos de sexes en plastique dans les couloirs de métro ou sur les abribus. Repensons également à la publicité « Viva la Vulva » de Nana France qui banalisait et désacralisait une fois de plus le corps et, comme bien souvent, le corps féminin.
La libération des femmes ? la fin des stéréotypes ? un monde plus gentil ? Non, l’argent.
En effet, les marques sont conscientes de deux choses lorsqu’elles utilisent des publicités à caractère sexuel ou érotique :
- Ces publicités ont un pouvoir d’attraction auquel les humains sont malgré eux très sensibles.
- Le fait que les humains y soient très sensibles déclenche chez beaucoup de gens un réflexe de protection, nul n’aime être manipulé par ses instincts primaires, encore moins pour acheter des produits. Des personnes, ou des associations, vont alors faire part de leur mécontentement ou de leur indignation au public, notamment en portant plainte (ce que nous avons fait contre Nana France et Netflix)
- Cette réaction augmente l’écho de la publicité, gratuitement, parce que les gens la reprennent à leur compte.
La clé est donc de choquer toujours un petit peu plus pour déclencher des réactions, sans pour autant s’attirer l’opprobre générale. Les publicitaires sont souvent experts pour taper dans cette zone grise, où il y a le plus d’argent à se mettre dans les poches. Les limites de cette zone reculant toujours plus, il y a une véritable surenchère pornographique dans la publicité et la zone de « l’acceptable » glisse toujours plus vers le sexe à outrance.
Qui y gagne, qui y perd ?
Mais quel peut bien être le résultat pour le Bien commun ?
Les gens consomment plus, leur imaginaire sexuel est toujours plus violé et donc finit réduit à peau de chagrin. Quel mystère reste-t-il à la sexualité lorsqu’elle a été disséquée, dessinée, réduite à des noms en latin ? Quel est l’intérêt de se mettre à nu lorsqu’on voit des gens dénudés à longueur de journée ?
La réponse : aucun. Les intérêts privés de ces entreprises sont, eux, bien contents. Mais l’intérêt du public n’étant pas correctement protégé par ceux qui devraient le faire, il y perd beaucoup.
La sexualité est banalisée, elle n’a plus aucun sacré, elle se réduit au sacro-saint « plaisir », véritable dictateur de la vraie réalité : la consommation.
L’amour est vidé de son sens. L’amour, et par extension la sexualité, ne sont devenus que des prétextes à plaisir. Comme le consommateur se fait plaisir en avalant du lait concentré jusqu’à plus soif, comme il se fait plaisir en jouant des heures à des jeux vidéo, alors il se fait plaisir par la sexualité. Tout est là. Matériel, morne, plat.
Notre scoop : les enfants existent
Nous pouvons également rappeler un détail que tout le monde semble oublier : les enfants circulent dans la rue. Oui oui, les enfants existent, certes ils ne peuvent pas produire de richesse, mais ils existent, ils marchent dans la rue, prennent le métro pour aller à l’école, pour aller jouer chez leurs copains.
Quel respect peuvent-ils avoir pour un monde des adultes qui défigure, qui salit et qui corrompt l’image de la femme, de la mère ? Ils n’ont rien demandé, surtout pas de voir ces affiches, ils n’ont pas voix au chapitre puisque ce sont nous, les adultes qui avons la responsabilité de leur offrir un environnement sain. Et puisque nous ne savons pas prendre nos responsabilités face à des monstres cupides tels Netflix, les enfants subissent, sans rien dire, sans vraiment comprendre, mais pas sans blessure.
La cerise sur le gâteau reste la campagne de publicité d’Alliance Vita, censurée car demandant le respect de la maternité et de la paternité. D’accord ou pas avec ce qui est tragiquement devenu une opinion politique, quand on respecte la liberté de pensée, il n’y a absolument rien à opposer à la publicité d’Alliance Vita.
Se lever et agir pour faire changer les choses
Maintenant, il est temps de demander aux pouvoirs publics d’agir : tant l’Etat que la justice se doivent de prendre la mesure du problème, et doivent agir pour le régler.
Le corps et la sexualité ne sont pas des objets commerciaux. Faut-il rappeler le grand principe de droit français selon lequel le corps humain est indisponible, qu’il ne peut être l’objet de commerce ? Le droit français doit s’appliquer, le feu des consciences doit s’attiser, les poings des vrais hommes et des vraies femmes doivent se serrer et leur saine rage s’exercer dans ce combat de justice.