Stop au porno a recensé le livre de Marie-Alix Le Roy, Protégeons nos enfants des écrans, alertant sur les dangers des écrans mis entre les mains des plus jeunes. La pornographie est l’un des plus gros risques. L’auteur a accepté de répondre à nos questions.
- Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre livre et nous expliquer comment l’idée vous en est-venue ?
Ma fille de 8 ans m’a un jour rapporté des propos issus de contenus pornographiques. Après enquête auprès de l’école il s’est avéré que le petit garçon qui tenait ses propos avait visionné de la pornographie avec son cousin plus âgé. Ce fut le déclic pour la création du groupe Parents unis contre les smartphones avant 15 ans.
- Vous travaillez sur la problématique des écrans. Pour vous, qu’est l’importance du porno dans la question des écrans ? Problème marginal, central, prioritaire ?
C’est un tsunami invisible dont les effets commencent à émerger. Les parents souvent incrédules ne pensent pas que cela puisse être une problématique. Mais le phénomène est réel. Avec des générations formées à la sexualité via le porno. Des jeunes filles qui pensent qu’il faut se plier aux modèles de la pornographie et des hommes qui pensent que les rapports peuvent comporter de la violence sans consentement. Et bien entendu c’est aussi beaucoup de souffrance dues aux addictions. Addictions qui s’installent d’autant plus vite que le cerveau n’est pas finalisé. Chez un jeune l’apport de dopamine dû au visionnage d’un porno est phénoménal – cette « récompense artificielle » du cerveau conduit à une addiction rapide : j’ai sur mon groupe des témoignages de maman dont le mari a sombré alors qu’il avait 13 ou 14 ans, et 15 ou 20 ans après, c’est le couple qui vole en éclats.
- Sur la question de l’exposition des mineurs au porno, votre entourage ou vous-même avez-vous été confrontés au problème ?
Pour ma fille, ce fut un incident dont les dégâts furent relativement contenus. mais les médecins que je côtoie sont horrifiés de ce qu’ils voient en consultation. Les dégâts sont gravissimes. Pendant ce temps-là, l’État continue de nier le problème. Pourtant les solutions existent.
- Ce problème est-il visible dans les écoles ?
Dans les écoles, le phénomène est très problématique, oui. On observe des comportements déviants parfois dès la maternelle. Je consacre un chapitre entier à ce sujet dans mon livre.
Certaines écoles ont même été tentées de mettre des caméras dans les toilettes pour surveiller, ce qui pose d’autres problèmes. Dans certains établissements la situation n’est plus sous contrôle et le corps enseignant est dépassé.
- Les parents sont nombreux à refuser de croire que le problème du porno concerne leurs enfants. Comment expliquez-vous cela ? Comment attirer leur attention ?
9 ou 10 ans est un âge où on voit encore nos enfants comme de « petits enfants » et c’est le cas… Mais les choses ont changé par rapport à nos référents. La pornographie est désormais à portée de mains et donc elle s’est invitée dès la sortie des cours. Avec des contenus ultra violents. On est loin de la pornographie d’il y a 20 ans. Et les parents voient le smartphone comme un outil qui protège. Tous n’ont pas encore pris conscience du phénomène invisible qui est en train de se déployer. Mais les choses progressent. Au début de mon groupe j’avais des remarques du type « cela ne pourrait pas arriver dans l’école de mes enfants ». Aujourd’hui je n’entends plus ce genre de propos.
- Quels sont les 3 conseils indispensables que vous donneriez à des parents pour qu’ils protègent efficacement leurs enfants du porno ?
Donner accès au portable le plus tard possible.
Les former aux questions affectives et sexuelles dès le plus jeune âge. On peut parler de pornographie dès le CE2 (ce que j’ai fait avec mon fils puisque ma fille a été impactée dès le CM1).
Leur apprendre à dire non comme pour toutes les drogues.