L’association Stop au porno a recueilli les témoignages de plusieurs femmes dont les maris sont, ou ont été, porno-dépendants. La souffrance de ces femmes est sincère… Et les mots qu’elles emploient parlent d’eux-mêmes.
Nous commençons avec le témoignage d’Isabelle*, qui a également fait tout ce travail de collecte de témoignages (et nous la remercions sincèrement), dont le mari souffre d’addiction à la pornographie.
*Tous les prénoms ont été modifiés
« Bonjour,
Je tiens à apporter mon témoignage parmi tant d’autres de mes amies du groupe Facebook Addiction un endroit pour les dépendantes et co-dépendantes, que j’ai rejoint après avoir découvert l’addiction à la pornographie de mon mari.
Je suis également à l’initiative de ce contact car nous parlons très peu de nous, les co-dépendantes, de notre souffrance et des dégâts que la pornographie a sur notre couple et nos familles.
Nous sommes une communauté de femmes de tout âge, souffrantes de l’addiction de nos maris ou conjoints, avec laquelle nous nous soutenons et nous luttons contre la pornographie car elle gâche nos vies.
…
J’ai 34 ans et mon mari 39,
Après 15 ans de vie de couple et 14 ans de mariage,
j’ai découvert l’addiction de mon mari durant le premier confinement en Mars 2020. Je me sentais mal et je sentais que quelque chose n’allait pas dans son comportement, et dans notre couple le désir n’était plus là. Il était nerveux, blessant dans ces paroles, il pouvait passer des heures aux toilettes pour se cacher. Il cachait son téléphone, il n’y avait plus de communication dans notre couple, plus de partage…
Jusqu’au jour où il a oublié son téléphone et que je suis allée voir dans ses albums photos… Et j’y ai vu des centaines d’images à caractère pornographique ainsi que des vidéos, qui avaient pris place la place de nos photos de famille.
Un autre jour, il me dit « je passe un appel à un copain ». Il a fui pour passer son appel à l’extérieur de la maison par un soir de tempête afin que je n’entende pas une prostituée nommée « miss coquine » dans son téléphone, pour avoir des relations au téléphone… Alors que je l’attendais dans notre chambre : il nie toujours les faits mais je sais que c’est la vérité.
Je l’ai déjà surpris entrain de se masturber dans la pièce juste à côté de moi devant une vidéo pornographique sur mon propre compte YouTube. Cela a été un véritable choc, C’est moi qui l’ai surpris mais ça aurait pu être notre ado car elle était dans le logement ce jour-là.
La pornographie l’a même amené à se créer des profils sur différents site de rencontre, à la recherche de ces fantasmes, passant d’un statut de marié et de papa dans la vie réel, à un statut d’homme célibataire sans enfant dans le virtuel, à la recherche de l’amour sincère et honnête. Notre enfant et moi-même avons été anéantis, avec cette sensation de n’avoir jamais existé pour lui…
Il a fallu un long moment pour lui faire comprendre que ce comportement était anormal et lui faire comprendre qu’il était addict à la pornographie.
Quand il a commencé à le comprendre, il a bien voulu installer un contrôle parental. Mais malgré ce système, il utilisait – comme je le disais ci-dessus – mon compte YouTube ou les réseaux sociaux ou des groupes de sexe… C’est affolant à quel point la pornographie est trouvable partout et à quel point cela prend de la place dans la vie de tous les jours… Et que cela soit à portée de tous.
Il a fallu que je sois mal pour qu’il prenne conscience du problème et qu’il décide de voir une psychologue dans un centre dédié principalement aux addictions (alcool, drogues…). Ce centre commençait à recevoir de plus en plus d’addict au sexe et à la pornographie, parfois très jeunes. La thérapie l’a beaucoup aidé, nous parlons bien plus, il veut s’en sortir mais il y a toujours des rechutes car la pornographie est vraiment partout : Aucun blocage de la part des FAI, aucune action de l’Etat … Il faut vraiment changer les choses !
Cette addiction n’a pas l’air d’être prise au sérieux pourtant elle est bien là, et ne cesse de croître de jour en jour.
En tant que co-dépendante, j’ai perdu l’estime de moi, j’ai perdu ma joie de vivre, je n’arrive plus à vivre comme avant. Je vis en fonction de lui, de son addiction en ayant toujours cette peur de vivre avec ce mal, peur de le laisser seul et qu’il recommence.
Nous nous aimons tellement fort mais cette addiction est un véritable cauchemar. Beaucoup en rigolent et disent « ce n’est rien« , « c’est normal« … : Non, ce n’est pas normal. Je peux vous dire que la pornographie a brisé notre vie et nos rêves, Nous n’avons pas pu avancer dans nos projet a cause de celle-ci car la pornographie à pris trop de place. »
Témoignage de Valérie
«
Bonjour,
53 ans et je me sens si coupable et honteuse…
Les stores du salon mal remis, l’historique de l’iPad qui prouve qu’il est sur PornHub dès que je ne suis pas là ou quand je me lève un peu plus tôt et qu’il reste dans notre lit ou dans les toilettes…. Ou ce jour où je fais demi tour parce que j’ai oublié la liste des courses et que je le trouve dans une situation délicate…
Cet homme que j’aime tellement, mais avec qui je n’ai plus de relations physiques… Et qui me fait croire qu’il n’a plus de désir, mais oublie de préciser que ce n’est que pour moi qu’il n’a plus de désir : car il en a pour les femmes typées des films pornos (exemple, les grosses poitrines). Il a encore du désir et je suis en colère contre moi d’accepter tout ça… Et ce depuis bientôt 3 ans.»
Témoignage de Sophie
« Bonjour, j’ai 43 ans, monsieur 40, nous sommes ensemble depuis bientôt 5 ans à la tête d’une famille recomposée de 5 enfants. J’ai découvert son addiction au porno il y a 3 ans à peu près.
Mon mari adore aller sur des sites porno avec son téléphone : il peut faire son choix comme il dit… Ces derniers temps il fait des efforts pour combattre ces pulsions. Je crois qu’il n’a pas regardé de vidéos depuis au moins 1 semaine. Mais bon il a craqué il y a quelques jours en allant sur son site de substitution : il dit que c’est mieux que des vidéos. Il va sur youtube et cherche des choses explicites, histoire de se calmer… Et pour lui éviter de passer en « mode zombie ».
C’est quelque chose que je vis très mal en tant que femme : je me sens moche, non-désirable, pas à la hauteur, même si notre vie sexuelle est épanouie. J’ai du mal à le laisser seul car je sais que dès que je ne suis pas là, ou que je change de pièce, il y va, et ça psychologiquement c’est dur. Je l’aime et j’ai espoir en l’avenir. Surtout je crois en lui en espérant qu’il se sorte de cette spirale infernale. »
Témoignage de Brigitte
« Bonjour,
Il y a environ 2 ans, je cherchais un fichier dans mon ordinateur. Puis, en cliquant par hasard, je tombe sur des films pornos et en grand nombre : , 30 ou 40, qui avaient été téléchargés en un mois. Le soir même, je demande à mon mari « qu’est-ce que c’est ?« , et là je suis dépitée quand il m’avoue qu’il va très souvent sur des sites pornos. Les semaines suivantes ont été pénibles pour moi, car on faisait que se disputer. C’était très tendu, je lui en voulait énormément… Il a fait ensuite beaucoup d’effort, nous avons mis un accord parental sur l’ordinateur pour qu’il évite d’y aller … Depuis 2 ans, il y a eu quelques rechutes, mais rien de grave… Depuis je suis tout de même devenue hyper-jalouse, j’ai perdu confiance en moi et mon mari reste un homme réservé : il parle peu et il est souvent stressé à cause de son travail. Nos rapports intimes ont été un peu bouleversés. Il est certain que tout ça m’a laissée très fragile et angoissée depuis le jour où j ‘ai tout découvert. »