Source [Contrepoints] : Un projet de loi récent du sénateur Mike Lee, veut pour ainsi dire bannir la pornographie.
lusieurs personnes me questionnent souvent pour savoir pourquoi je suis libertarien. Aux États-Unis, la réponse est simple : les politiciens sont tous pourris et antilibéraux. Les Démocrates ne s’en cachent pas; leurs politiques visent toujours à augmenter la taille du gouvernement.
Du côté républicain, en théorie on affirme vouloir moins de gouvernement. Mais en pratique, c’est tout autrement. C’est très évident avec un projet de loi récent du sénateur Mike Lee, qui veut pour ainsi dire bannir la pornographie.
Une telle action ne devrait surprendre personne. Lee vient de l’Utah, la Mecque des Mormons généralement très conservateurs. L’État voisin de l’Idaho, aussi très mormon, autorise les bars qui vendent de l’alcool, les bars de striptease mais pas une combinaison des deux. Bref, pas de tétons et de bière au même endroit.
En 2016, au niveau local, l’Utah avait déclaré une crise de santé publique au sujet de la pornographie. Quatre ans après, il semble que rien n’ait vraiment changé. Toutefois, cette idée est allée plus loin avec la mise au ban de plusieurs livres jugés « inappropriés » pour les enfants plus tôt cette année.
Une telle loi pourrait être justifiée pour Gender Queer, qui montre des images très explicites pour le public cible. Mais The Bluest Eyes pourrait être approprié pour un public plus mature – on y parle de viol. L’auteure Toni Morrisson ne fait pas dans la dentelle mais ses livres valent le coup d’œil si vous êtes assez vieux. Ils ne sont pas du tout pornographiques.
Contrôles inutiles et onéreux
Revenons au projet du sénateur Lee.
Il vise à redéfinir la pornographie comme étant obscène, via un test en trois parties créé par la Cour suprême en 1973. Ainsi, une image/vidéo est obscène si
- L’individu lambda dans les standards du moment y voit un appel à la lascivité
- Elle montre d’une façon évidemment offensante un acte sexuel tel que défini par la loi
- Elle n’a aucun mérite artistique, scientifique, artistique ou politique
Selon ce triple standard, tout libéral s’opposerait aux vidéos de viol, pédophilie, d’inceste et tout autre pratique de la sexualité sans consentement. Pour le reste, « ce qui se passe entre adultes consentants n’est pas l’affaire du gouvernement, » avait plus ou moins dit Pierre Trudeau (père de Justin) jadis. Même si c’est sur vidéo/dans un magazine.
Malheureusement, le puritanisme américain n’est jamais très loin quand les conservateurs veulent réglementer la vie des gens. Lee veut changer le second point ainsi :
« Elle montre, décrit ou représente des actes sexuels réels ou simulés dans le but d’exciter, titiller ou gratifier les désirs sexuels d’autrui. » Il veut également omettre « les standards du moment » du premier point.
En d’autres termes, la pornographie ne serait plus protégée par le Premier amendement de la Constitution relatif à la liberté d’expression. Un avocat doute que les cours inférieures maintiennent la loi si elle est contestée en justice. Mais avec la Cour suprême actuelle, le sort de la décision de 1973 est incertain.
Au moins, malgré son puritanisme, la loi ne laisse pas la place au doute, contrairement à une autre récente en Floride « pour le bien des enfants. »
Bref, les Républicains se tirent une fois de plus dans le pied en s’attardant sur des peccadilles sans importance. Certes, la pornographie ne devrait pas être consommée par des mineurs. Mais comme je l’ai souvent dit, c’est aux parents d’aborder le sujet avec leurs enfants.
Peut-être Lee et ses confrères utahiens devraient considérer les sages paroles du controversé Larry Flynt, qui se demande s’ils n’ont « rien de mieux à faire ». Car si l’on prend en compte les résultats de cette même interdiction en Turquie on observera le même phénomène aux États-Unis : la consommation de porno ne diminuera pas.