Source [Femme Actuelle] : Dans un épisode de Cash Investigation consacré à l’industrie du porno et diffusé le 28 septembre 2023 sur France 2, on découvre les coulisses de ce secteur qui rapporte plusieurs milliards d’euros par année. La journaliste Élise Lucet et son équipe ont eu accès à des informations inédites et édifiantes sur une industrie très peu régulée. Et les premières victimes de cette course au clic, ce sont les actrices X.
« Pour certains producteurs, les actrices sont juste de la viande. On est à l’usine. » En janvier 2019, Angel Piaff quitte le monde du porno pour redevenir Lenka Chadrabova. Durant ses huit années en tant qu’actrice X, elle a tourné à dix-neuf reprises pour le site payant du groupe du leader du secteur xVideos, auparavant baptisé LegalPorno. Dans un épisode de Cash Investigation sur les géants de l’industrie pornographique, que nous avons pu visionner en avant-première, et qui sera diffusé ce jeudi 28 septembre 2023 à 21h10 sur France 2, l’ancienne actrice X se confie. « LegalPorno est de plus en plus hardcore », admet-elle. « Pour moi, les amateurs de ce genre de scène sont fous. Ils ne savent pas ce que c’est d’être humiliée, d’être pénétrée simultanément par plusieurs hommes. Ils veulent nous pousser à aller toujours plus loin et je ne sais pas où sera la limite. Quand diront-ils : “ok, là, c’est suffisant“ ? » La jeune femme a commencé sa carrière dans l’industrie du X en 2011. Et, malgré son expérience, Lenka Chadrabova reconnaît que les tournages pour ce site étaient particulièrement éprouvants. « À chaque fois que je devais tourner une scène anale pour LegalPorno, j’avais vraiment peur. Durant la préparation du tournage, je ne mangeais pas, j’étais vraiment stressée, je n’en dormais pas. » Dans un témoignage poignant, l’ancienne actrice de porno décrit sans détour « un monde de douleur ».
Sur les sites pornos comme ailleurs, le client est roi
Lors de ses passages sur les plateaux de tournage, elle décrit avoir fait appel à une méthode efficace : la dissociation, soit le fait de penser à autre chose pour ne pas se concentrer sur ce qu’elle était en train de vivre (le plus souvent un mécanisme d’autodéfense émotionnelle contre les traumatismes, ndlr). Parfois, elle demandait aux acteurs de lui tirer les cheveux ou de la gifler, afin que la douleur physique se concentre sur le haut de son corps plutôt que sur ses parties intimes. « Je saignais souvent sur les tournages pour LegalPorno (…) Je me rappelle d’une scène où on m’a juste dit d’aller me nettoyer et de revenir sur le plateau. » La jeune femme s’exécute. C’est son salaire qui est en jeu. Et elle n’en touchera pas un centime si elle ne termine pas la scène en question. Un jour, une opportunité se présente pour obtenir un contrat d’exclusivité avec le site payant qui propose ces contenus hardcore. Pour y parvenir, Lenka doit tourner une scène de double pénétration anale et se faire uriner sur le visage. Une sorte d’audition pour l’actrice X, à qui le grand patron a promis d’autres contrats bien juteux si elle se montrait convaincante. Seulement, lorsque la vidéo est en ligne, un internaute poste le commentaire suivant : « elle a fermé les yeux pour éviter l’urine ». Malgré le fait que les autres commentaires soient tous élogieux, il n’en faut pas plus pour le patron de LegalPorno : le marché est annulé et Lenka n’obtient pas son contrat, tout ça à cause d’un unique commentaire, assure la jeune femme. Heureusement, aujourd’hui, tout cela fait partie du passé pour Lenka Chadrabova. Mariée, elle est à ce jour autoentrepreneure. Mais bien d’autres femmes sont toujours victimes de ce système.