Source [Le Monde] : En France, un article de loi prévoit de condamner spécifiquement ceux qui diffusent ces contenus considérés comme des cyberviolences sexistes.
Taylor Klein s’apprêtait à achever ses études d’ingénieure dans le Connecticut, aux Etats-Unis, lorsqu’elle a appris que de fausses vidéos pornographiques d’elle circulaient sur Internet. « Ces vidéos avaient des milliers de vues. En allant me coucher ce soir-là, j’ai craqué. Je me sentais très sale. (…) J’avais l’impression que quelqu’un essayait de me punir », témoigne la jeune femme dans le film documentaire Another Body, sorti à la fin du mois d’octobre aux Etats-Unis.
Les réalisateurs Sophie Compton et Reuben Hamlyn y suivent pendant plus d’une heure le combat et la quête de vérité de cette jeune Américaine, dont la vie a été bouleversée par des deepfakes pornographiques. Aussi appelées « hypertrucages » en français, ces photos et vidéos sont modifiées ou générées à l’aide d’outils d’intelligence artificielle (IA) pour mettre en scène des femmes dans des situations érotiques, sans leur consentement.
Comme en atteste le cas de Taylor Klein, qui témoigne sous une fausse identité, cette cyberviolence sexiste en pleine expansion ne cible pas seulement des actrices de cinéma, des chanteuses ou des femmes politiques. Ont dernièrement été rapportés des faits concernant des adolescentes sans notoriété, dans une petite ville du sud de l’Espagne ou dans des lycées américains. Car avec les bonds réalisés par l’IA ces dernières années, ces montages toujours plus réalistes ont vu le profil de leurs victimes évoluer. Et leur nombre exploser.