Nous sommes chaque fois plus conscient du risque individuel qu’implique la consommation de la pornographie par sa nature addictive et son impact négatif sur les relations personnelles. On aborde moins cependant sa capacité à transformer la société dans son ensemble, un effet encore plus dramatique.
La « pornografication » de la société.
Le 27 septembre 2023, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a publié un rapport sur les violences faites aux femmes dans l’industrie pornographique, fruit de dix-huit mois de travail. Le HCE dresse un constat sans appel sur les illégalités du milieu.
Le document du Haut Conseil à l’égalité devrait permettre de remettre la question du porno sur le devant de la scène. Les procès en proxénétisme, les affaires de viols et de trafic d’êtres humains qui se multiplient autour « d’acteurs » du monde pornographique ont mis au grand jour un ensemble de pratiques inhumaines. Il convient dès aujourd’hui de repenser le rapport à la sexualité et à l’image pour extraire notre société de pratiques qui sont avilissantes pour l’Homme et tout particulièrement pour la femme souvent objet principal des fantasmes dans ce marché du X.
Le rapport insiste sur un point fondamental de la prolifération du porno sur internet : la place des mineurs dans le porno. Qu’il s’agisse des mineurs qui consultent volontairement ou non ces contenus ou de ceux qui sont intégrés à des vidéos, les enfants sont les victimes les plus vulnérables devant ce fléau.
Cycliquement, dans ces moments où le discours public se centre sur le thème de la pornographie, il s’étend toujours sur l’aspect de la personne individuellement. Le fait que la consommation de pornographie affecte le cerveau, la santé reproductive et qu’elle recèle une nature addictive est scientifiquement et médicalement démontré. Nombreux sont les critiques qui révèlent comment la stimulation constante de contenus pornographiques déforme la vision d’une personne sur le sexe et les personnes. Rodés aux techniques commerciales subversives, afin d’attirer un public plus large, les producteurs de porno utilisent un langage toujours froid sans aucune référence à la moralité, à la sensibilité. Ils exploitent et chosifient les personnes impliquées (dans leur immense majorité des femmes). Et dans de nombreux cas, ils abusent aussi de mineurs naturellement fragilisés et les contraignent.
Ceux qui défendent la pornographie comme la simple exposition d’une activité entre adultes qui sont consentants doivent comprendre qu’il s’agit de personnes qui vendent leurs corps et leur dignité pour de l’argent et pour avoir des spectateurs. Dans la majeure partie des cas, ils sont vulnérables aux prédateurs qui profitent de leur mésestime de soi, leur difficulté économique et leur naïveté. En conséquence de quoi beaucoup d’acteurs porno luttent contre l’addiction les relations abusives et le suicide.
Différence avec d’autres vices.
Cependant, malgré la reconnaissance du mal que la pornographie inflige aux individus impliqués, peu de personnes considèrent les conséquences sociétales de cette calamité.
Bien que certains comparent la pornographie à d’autres vices comme l’alcoolisme ou l’addiction aux drogues, cette analogie est trompeuse pour deux raisons. D’abord parce que la consommation visuelle de la pornographie est beaucoup plus étendue (80% des américains en consomment mensuellement). Comprenez bien que si on appliquait ce pourcentage à l’alcool ou aux drogues, une part non négligeable de la population des USA en serait morte.
A la différence de l’alcool et de la drogue, l’addiction à la pornographie n’est pas visible immédiatement. Alors que concernant l’alcoolique ou le drogué, les marques de son vice se voient rapidement dans sa détérioration physique et sa perte de lucidité, d’équilibre ou de fluidité de l’expression. Consommer de la pornographie ne traduit aucun comportement social trouble ni de stigmates concrètement verbalisables. C’est pourquoi beaucoup considèrent que cette absence manifeste de démarche chancelante ou d’élocution hésitante et pâteuse en parlant démontre que la pornographie ne fait de mal à personne, sauf à ceux qui grandissent ou régressent plutôt dans ces lieux sexuellement répressifs et développent un complexe de culpabilité.
Cependant, la pornographie laisse des traces chez le consommateur, et ce phénomène commence à inquiéter sérieusement les professionnels qui se sont véritablement penchés sur cette question. Il n’est étranger à personne que l’addiction au porno s’accompagne d’une addiction aux plaisirs solitaires et à la pratique d’une masturbation effrénée. C’est en cela que la pornographie a stérilisé des générations entières d’hommes qui, mutilés physiquement, mentalement et affectivement sont incapables de l’initiative nécessaire pour se marier et avoir des enfants ; elle a émasculé les hommes en général qui ne se sentent plus capables d’idéal, de construire un avenir professionnel lié à une vocation propre tant cette castration annihile toute volonté et pugnacité pour l’atteindre. Sur le plan démographique c’est un véritable désastre si l’on considère le taux de natalité de nombreux pays au-dessous du seuil de remplacement naturel de nos populations qui a pour conséquences une baisse de travailleurs potentiellement renouvelés et une augmentation des générations d’anciens.
C’est aussi un désastre culturel puisque cela conduit directement à une société décadente et peu créative, formée par des adultes, « adulescents », retournés sur soi, boursoufflés d’hédonisme et scarifiés de désespoirs qui ne trouvent sens à leur existence que dans le hic et nunc finissant par tellement s’en dégoûter que la mort choisie devient leur seule destinée.
La pornographie détruit l’élan humain et la combativité. Elle précipite l’être dans une lascivité mortifère et avilissante. Allez comparer le geste qui consiste à consulter son téléphone pour regarder des vidéos excitantes avec la joie de converser avec une personne, de partager les dernières lectures, de s’émerveiller de la nature, d’un poème, d’une production musicale, théâtrale ou cinématographique ? C’est véritablement sans intérêt.
Allez comparer le plaisir facile mais fugace et insatisfaisant que produit la pornographie avec le bonheur durable d’un couple heureux ou celui d’un travail bien fait ? C’est passablement inutile.
Allez comparer la jouissance vicieuse et sans émotion du sexe virtuel avec la satisfaction que produit le fruit des efforts faits pour construire une famille, travailler pour la faire vivre, transmettre la vie et éduquer ses enfants ? C’est parfaitement inconcevable.
Impact social de la luxure.
C’est le problème majeur de la luxure. Bien qu’on l’associe aux passions incontrôlées et à l’agressivité, la luxure a plus de points communs avec l’inactivité et la médiocrité de la paresse qu’avec l’ardente destructivité de la colère ou de l’orgueil. Shakespeare l’exprime avec justesse dans le sonnet 129 :
« La satisfaction de la luxure, c’est l’épuisement de l’âme en prodigalité de honte : jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite, la luxure est parjure, meurtrière, sanguinaire, infâme, sauvage, extrême, brutale, cruelle, déloyale.
Aussitôt assouvie, aussitôt méprisée. Poursuivi hors de raison, à peine son désir est-il atteint qu’il est maudit hors de raison, comme une fatale amorce mise exprès pour rendre fou celui qui l’avale.
Folle dans la poursuite, elle l’est aussi dans la possession : ayant eu, elle veut encore, extrême dans son exigence : béatitude à l’épreuve ; après l’épreuve, vraie douleur ; d’abord, joyeux projet, rêve ensuite !
Le monde sait tout cela, et pourtant nul ne sait éviter le ciel qui mène les hommes à cet enfer ».
Saint Augustin aussi atteste de cet effet aliénant et dévastateur de la luxure dans ses confessions. Même après avoir résolu ses objections intellectuelles au christianisme, c’est seulement quand il renonce à la luxure qu’il put finalement passer à l’action et se convertir.
En réalité, une grande partie du monde actuel s’est convertie à la pornographie, l’arme dont le marxisme a vu avec la fabrique du mensonge informatif combien elle était la plus redoutable et la plus efficace dans son plan de déconstruire et d’abolir l’homme.
Et pendant que la majorité des hommes se vautrent et jouissent dans la luxure, les femmes les ont supplantés dans tous les domaines de la vie : dans le système éducatif, dans le milieu de la santé, de la justice, du social, dans les affaires, en politique et en plus… dans le foyer.
Bien que l’on puisse considérer cette ascension comme une victoire du féminisme, ce pourrait être considéré aussi comme le triomphe de la pornographie. Cette évolution pourrait porter les femmes à s’en réjouir et quelques hommes à s’en plaindre, or la majorité des hommes et des femmes se lamentent du défi mort dans l’œuf qu’est celui de trouver une âme sœur de même niveau. « Autant les femmes semblent s’en être grandies que les hommes ont chu ».
Il n’est pas surprenant que les plus flagrants exemples de culture porno s’illustrent dans les deux pays qui actuellement vivent une chute considérable de leur population : le Japon et l’Allemagne. Ces deux pays, qui furent en leur temps des puissances industrielles et technologiques se trouvent aujourd’hui dans le crépuscule de leur prospérité. Ces deux pays ont embrassé la pornographie sans restriction et le sexe virtuel, la culture de la braguette, loin d’être les sociétés militantes et énergiques d’il y a un siècle, sont devenus des nations « d’herbivores » passifs. Et beaucoup de femmes ont renoncé à chercher l’homme idéal puisque beaucoup d’entre eux ont perdu leur masculinité et préfèrent l’intimité avec des femmes artificielles et virtuelles.
Comme aucun gouvernement n’est assez « couillu » pour interdire la pornographie, c’est aux minorités créatives et aux personnes « normales » de le faire par elles-mêmes. C’est un domaine dans lequel l’Eglise devrait avoir un rôle beaucoup plus actif, combatif et responsable qu’elle démontre l’avoir aujourd’hui. Sans doute a-t-elle d’autres priorités synodales – vouloir « démasculiniser » l’Eglise pour reprendre les termes de Bergoglio.(Ne voulait-il pas parler d’émasculation, de dévirilisation… ?)- que celles de magnifier la « théologie du corps »et de sublimer la féminité et la maternité. Les combats d’associations comme Stop au Porno, le syndicat de la famille, SOS éducation, l’Association Déclic, TeenSTAR, les AFC et d’autres encore ne sont pas vains et pourraient être désespérants s’ils n’étaient animés par la foi et la conviction que ce n’est pas un combat douteux. La paralysie décisionnelle des pouvoirs publics en France, tétanisés qu’ils sont devant les assauts tyranniques des officines de l’ONU (paravent mondialiste derrière lequel se préparent, se complotent, s’écrivent, se financent et se décident toutes les stratégies de destruction de notre civilisation cf : l’agenda 2030) s’apparentent à une véritable complaisance idéologique à l’égard des marchands de « cocaïne numérique »et en dit très long sur la tartufferie de nos « zélites ». Nos gouvernants s’émeuvent des rapports publiés sur les désastres du porno (Mon Dieu, on n’avait pas vu venir !!!) mais « en même temps » développent dans nos écoles, dès la maternelle, des programmes d’éducation sexuelle qui sont souvent de purs viols de consciences innocentes où la pureté, la délicatesse, le respect du corps, la sensibilité, la beauté sont écrasés sous le bulldozer de l’idéologie LGBTISTE , l’entrisme des drag queens et du wokisme . Ah elle est belle leur « éducation à la vie sexuelle et affective » ! Si encore ils parlaient dans l’ordre d’« Education Affective Relationnelle et Sexuelle ».Mais non ! Ils crient « au secours », « alerte », « aux larmes » comme ils le font depuis des décennies à chaque fois que d’autre calamité meurtrières que sont la barbarie islamiste et le narcotrafic frappent et tuent…la violence des pornographes, celle des trafiquants de drogue, celle du terrorisme, quels financements opaques, mais connus, les abreuvent messieurs les politiciens ? « Tandis que j’écris ces lignes, quelques centaines d’hommes (et de femmes NDLR) dont les noms sont ignorés du public mais la puissance presque sans bornes, réunis par groupes dans de somptueux bureaux standards, discutent entre eux les ressources de chaque nation en fer, en cuivre, en manganèse, en phosphates, en pétrole et se croient capables de fixer en dernier ressort, appuyés sur leur statistique, la destinée du genre humain » alors que « …le danger est dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dés leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. » écrivait Bernanos dans La France contre les robots en 1947 . Aujourd’hui, quel gouvernement osera publiquement dire la vérité, dire que le résultat de leur faillite en matière de politique familiale et éducative a laissé s’ouvrir les quatre blessures que vivent beaucoup trop de jeunes dans leur âme, leur cœur, leur corps, leur esprit que sont la solitude, la dépression, les addictions et la tyrannie de l’image. Mais non, la constitutionnalisation de l’avortement, la légalisation de l’euthanasie et la dépénalisation des drogues sont leur priorité. Et on les entendra se lamenter :« Mon Dieu ! on n’avait pas vu venir !!! Comme l’écrit de façon jubilatoire le Père Jean-François Thomas dans son dernier édito Les bien-pensants se portent comme des charmes : « Les tripes et les âmes sont mortes. Ne subsiste plus qu’un vague sentimentalisme dont les vagues roulent à chaque nouvel épisode tragique, chaque attentat, chaque confrontation qui prennent au dépourvu des masses hébétées dérangées dans le déroulement de la perpétuelle fête. Temps alors des déclarations grandiloquentes, des reniflements, de la solidarité nationale, des « plus jamais ça », des yeux qui roulent et qui grondent « nous allons être fermes ». Après cette déferlante, la paresse reprend le dessus et les flonflons du bal maudit résonnent de nouveau, entêtants, ensorcelants. « Imbéciles ! Vous vous fichez éperdument de la vie intérieure, mais c’est tout de même en elle et par elle que se sont transmises jusqu’à nous des valeurs indispensables, sans quoi la liberté ne serait qu’un mot. » Bernanos
Et voilà, un an après le rapport du Sénat « Porno : l’enfer du décor » déposé le 27 septembre 2022, le Haut Conseil à l’Egalité remet au gouvernement un rapport choc sur l’industrie pornographique. S’il y dénonce des « actes de tortures » « un massacre des femmes à but lucratif », s’il pointe également « l’inaction » des pouvoirs publics face à cette « pornocriminalité » il n’hésite pas à révéler le rejet par le gouvernement de tenir compte des 23 recommandations du rapport de 2022 qui s’articulaient autour de quatre grands axes :
– faire de la lutte contre les violences pornographiques et la marchandisation des corps une priorité de politique publique ;
– faciliter les suppressions de contenus illicites et le droit à l’oubli ;
– appliquer enfin la loi sur l’interdiction d’accès des mineurs et protéger la jeunesse ;
– mettre en œuvre les séances d’éducation à la vie sexuelle et affective et sensibiliser les parents, professionnels de santé et professionnels de l’éducation aux enjeux liés à la pornographie.
Pourquoi, mais pourquoi donc tant de couardise ?
Méditons les derniers mots de La Grande Peur des bien-pensants : « […] La Société qui se crée peu à peu sous nos yeux réalisera aussi parfaitement que possible, avec une sorte de rigueur mathématique, l’idéal d’une société sans Dieu. Seulement, nous n’y vivrons pas. L’air va manquer à nos poumons. L’air manque. Le monde qui nous observe avec une méfiance grandissante s’étonne de lire dans nos yeux la même angoisse obscure. Déjà quelques-uns d’entre nous ont cessé de sourire, mesurent l’obstacle du regard… On ne nous aura pas… On ne nous aura pas vivants ! »
Mais curieusement, lorsque les médias, se font l’écho des experts sur la dénatalité et le problème de la dépopulation, peu ou pas de démographes ne mentionnent la présence et l’influence de la pornographie. Ils avancent plutôt les facteurs économiques bien onusiens comme l’urbanisation et la sécularisation qui ont fait que se marier et avoir des enfants devenait peu pratique, aussi encombrant qu’un animal de compagnie qu’on laisse en errance sur la route des vacances. Aussi, lorsqu’on propose des solutions pour endiguer ce tsunami des taux de natalité abyssaux, c’est toujours autour de subventions ou allocations paternité ou maternité que l’on s’oriente. Récemment, la Hongrie a appliqué avec succès ce type de politiques familiales salué par les courants politiques plutôt conservateurs. Les progressistes eux, toujours fossilisés par « il est interdit d’interdire » sont partisans d’importation de plus en plus de migrants pour compenser donc « remplacer » la perte de population. Une nouvelle traite négrière qui ne défrise aucunement nos Lfistes tiermondialistes, africano-islamophiles, bobos anarcho-trotskystes et écolos-zadistes refoulés et vautrés dans leur vomi idéologique pour qui la natalité est aussi responsable du réchauffement climatique et de la pollution de la planète.
Pourtant, une solution beaucoup plus simple et efficace serait d’interdire complètement la pornographie sur Internet. Si cette solution était proposée par quelques intellectuels, philosophes, sociologues, pédopsychiatres et médecins, qui argumenteraient que l’accès facile à la pornographie par internet est un poison de la société qui doit être éliminé au nom du bien-commun, les libertaires et les parlementaires toute couleur politique confondue, repousseraient cette idée au nom de la liberté en s’insurgeant contre le fait qu’il est inacceptable de « légiférer la morale ». Le débat tournerait vite autour de la question « faut-il prioriser la liberté individuelle ou le bien-commun ? » et la proposition d’une interdiction de la pornographie en self-service n’aboutirait pas, serait abandonnée …circulez, il n’y a rien à changer. Les campagnes d’intoxication idéologique sont de plus en plus florissantes et nos zélites et zidoles de plus en plus corrompues et perverties. Le tir croisé médiatico –politique français orchestré par « le camp du bien » (regardez le visage parcheminé, marqué des stygmates de la débauche et de la pédophilie chez certains) et le milieu de la cancel Kulture élyséen contre le film de Alejandro Monteverde « Sound of freedom » en est un bel exemple.
Supprimer l’accès à la pornographie n’aura pas comme résultat immédiat un foyer et une société renouvelés. Mais une telle décision forte et volontaire peut servir à en asseoir les bases. Ça fait trop longtemps qu’on n’aborde pas frontalement ce problème qui mine et détruit l’énergie de beaucoup d’hommes qui entrent dans l’âge adulte. Si l’on s’y prend aujourd’hui, ils ne récupèreront sans doute pas leur première innocence mais ils retrouveront leur énergie. Par la même occasion, ils pourront canaliser cette énergie pour construire leur propre famille et par providence, préserver l’innocence de leurs propres enfants.
Thierry Aillet
Ancien Délégué Episcopal à l’Enseignement Catholique d’Avignon