Durant les mois de confinement, le portable et les réseaux sociaux ont été des espaces d’expressions sexuelles pour de nombreux adolescents. Cette explosion du « sexe virtuel » est une véritable bombe à retardement.
Atlantico : Durant le confinement, le portable et les réseaux sociaux ont été des espaces d’expressions sexuelles pour de nombreux adolescents. Une situation qui existait avant le confinement mais qui a été catalysé par celui-ci. Quels sont les risques que cette situation a exacerbés ?
André Corman : « Faute de grives, on mange des merles », une vieille métaphore pour illustrer une des conséquences de l’extrême modernité numérique. C’est pourtant ce qui s’est passé pendant le confinement : l’impossibilité de la relation réelle, concrète, celle de la découverte et de l’échange avec l’autre, mobilisant les sens et la parole, devenant impossible, la voilà remplacée par une relation, elle possible, virtuelle et numérique. Ce qui n’était qu’un plus devient l’unique. « Sexe virtuel ou pas de sexe du tout » fut l’équation du confinement pour la plupart des ados d’où l’explosive consommation de ces pratiques.
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L’échange de photos à caractère sexuel est l’un des soucis majeurs de cette situation. Qu’est-ce qui pousse les adolescents à faire cela ? Pourquoi est-ce un problème ?
Le danger réside dans la confusion entre ce qui nous semble intime, donc secret et qui en fait devient public. Quand les ados s’échangent des photos « intimes » entre eux, ils sont persuadés que ça restera entre eux et, du reste, c’est ce partage du secret qui est le principal moteur de l’excitation (Il/elle se donne à moi) et de ce fait la raison de ce partage. Mais, ils ignorent alors les complexités et les contradictions des logiques qui gouvernent notre monde. Par exemple, l’idéal, pourtant positif, de transparence fait du rejet du secret sa règle et étale en son nom des intimités sur les réseaux sociaux. Or, c’est le secret qui délimite nos espaces de vie : le public, l’intime et le privé.
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Une telle situation peut-elle influencer l’adolescent dans ses relations humaines futures ? Est-ce un problème que l’on retrouvera dans sa vie professionnelle ?
Oui, avec deux situations différentes :
L’échange de contenus sexuels s’est bien passé, l’ado en a retiré du plaisir et pas de conséquence immédiate. Il a alors le sentiment d’une normalité. Il (elle)ne se dénude plus par contrainte extérieure, mais par besoin auto-généré (Seul compte ce qui s’affiche sur l’écran et capte l’attention. « Je suis vu, donc je suis ») Et c’est ainsi que « le besoin de s’exposer sans honte dépasse la peur de devoir abandonner sa sphère privée et intime ». Le risque est alors de basculer à un autre moment dans la deuxième situation :
L’échange se passe mal, les images sortent du privé et sont diffusés sur les réseaux sociaux et on imagine bien les risques de harcèlement voire de chantage. C’est ainsi que les ados vont vivre un véritable abus et basculer dans des souffrances jusqu’à l’extrême.
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