La science le dit sans ambiguïté : la pornographie est mauvaise pour la santé physique et mentale des individus. Cet article est une compilation synthétique de plusieurs troubles associés à la pornographie, car il est plus que temps d’en prendre conscience.
Tout le monde ou presque consomme des contenus pornographiques. Et, nous le savons, ce n’est malheureusement pas la limite légale de 18 ans qui empêche les mineurs d’être confrontés à ces images ou vidéos.
La pornographie est devenue un produit de consommation comme un autre et elle bénéficie d’une acceptation culturelle et sociale croissante. Ces contenus ont profité de la révolution internet pour se faire une place toujours plus grande dans le quotidien des individus. Mais la donne a vraiment changé à la fin des années 2000 avec l’arrivée des sites de streaming : le porno est devenu gratuit, illimité et instantané. Et la variété des contenus est quasi-infinie, ce qui inclut des représentations hors-normes et parfois même illégales. Selon certaines estimations, 12 % des sites existants et 30 % du contenu d’internet sont pornographiques.
Il est largement admis que l’exposition d’un enfant à ces contenus est néfaste, autant pour sa santé que pour son éducation. Sabine Duflo, psychologue clinicienne, parle dans ce cas d’un viol psychique. Et même lorsque cette exposition survient à l’adolescence, elle n’est pas sans conséquence : c’est une période de bouleversements et de maturations physiques et biologiques déterminante pour la construction d’un jeune. “Ces parents, ces enseignants voudraient que je répare leur enfant, leurs élèves cassés, meurtris. Mais que puis-je faire ? Rien. En psychologie, on peut réparer ce qui était déjà présent et solide” écrit Sabine Duflo qui déplore les conséquences d’abus commis par des mineurs, suite au visionnage de contenus pornographiques.
Dans de très nombreux cas, la consommation de pornographie qui conduit des adultes à la porno-dépendance a commencé durant l’enfance ou l’adolescence. Pour les adultes, il est déjà tard, d’autant que le sujet est tabou alors que la consommation de porno est souvent associée à des situations difficiles comme la solitude ou la dépression. De plus, la légalité du produit pornographique le rend moins soupçonnable d’être nocif pour les individus.
Par exemple, et parmi d’autres publications, le magazine La Vie a consacré un dossier entier à la pornographie dans son numéro du 8 avril 2021. Il évoque le phénomène pornographique et ses conséquences négatives pour les individus, notamment les jeunes. Plusieurs témoignages de personnes tombées dans l’addiction dans l’enfance sont reproduits, notamment celui de Christian, aujourd’hui âgé de 47 ans : “Au début, vous regardez du soft porn, de la pornographie douce, pour vous détendre. Puis, c’est l’escalade : comme cela ne vous fait plus rien, vous allez vers des trucs de plus en plus hard : des pratiques violentes, de la zoophilie… Jusqu’à consacrer plusieurs heures par jour à vous masturber devant ces images.”
Les études sur l’exposition ou l’addiction à la pornographie existent et sont toujours plus nombreuses. Si elles se rattachent souvent à la cyber-sexualité, à l’addiction aux écrans ou à d’autres pathologies, ces études se font très précises sur les effets nocifs de la pornographie.
La recherche sur ces effets est plus avancée outre-Atlantique. D’ailleurs, 16 États américains – de toutes les sensibilités politiques – reconnaissent officiellement la pornographie comme un problème de santé publique ce qui stimule la recherche scientifique sur la consommation de porno et l’addiction.
Ci-dessous, une liste non-exhaustive des conséquences liées à la consommation de pornographie est reproduite avec les études scientifiques supportant ces conclusions :
-
Une addiction réelle
Les études récentes montrent que de toutes les formes de divertissement en ligne (jeux d’argent, jeux vidéo, réseaux sociaux….), c’est le porno qui a le plus tendance à créer une dépendance.
L’addiction à la pornographie, et l’atteinte de l’orgasme par une masturbation compulsive, pourrait se faire par le biais de l’effet Coolidge, notamment à cause des neurones miroirs : le consommateur croit participer à l’acte sexuel qu’il visionne. Et, son excitation sexuelle peut reprendre à chaque visionnage comprenant un “nouveau” partenaire, ce qui est permis par la pornographie internet, dont la finalité commerciale est de présenter de la nouveauté à l’infini.
Si les chercheurs ont longtemps cru que l’addiction impliquait nécessairement la prise d’une substance extérieure au corps – comme avec l’alcool, la cigarette et d’autres drogues, les études en neurosciences ont justement permis de démontrer le contraire. L’addiction se crée dans le cerveau : la pornographie sur internet active d’ailleurs les mêmes zones du cerveau que les drogues dures.
Ainsi, tout concorde à dire que la pornographie est une addiction et c’est d’ailleurs l’avis de Nora Volkow, directrice du National Institute Drug Abuse.
-
Dépression et troubles de l’humeur
La consommation de pornographie a été corrélée négativement avec les sentiments de bien-être. Cela est évidemment lié au phénomène d’addiction puisque le consommateur a besoin d’une dose toujours plus puissante pour surmonter son mal-être, également croissant dans le temps.
La porno-dépendance a été plusieurs fois liée à la dépression et aux troubles anxieux, parfois même par les consommateurs eux-mêmes. Ils décrivent une perte d’énergie et de motivation, une baisse de l’estime de soi et un stress accru au contact du monde extérieur.
-
Des dangers psychologiques et psychiques supérieurs pour les enfants
Outre ses effets néfastes constatés sur tous les âges – le lien entre consommation de porno et dépression est établi chez les mineurs, la pornographie serait particulièrement dommageable pour les enfants et les adolescents. Ainsi, s’ils ont été exposés à ces contenus, ils sont bien plus susceptibles de développer des paraphilies à l’âge adulte, de devenir des prédateurs sexuels ou d’être plus disposés à la victimisation.
-
Une hausse des pratiques sexuelles à risque
La consommation de pornographie est associée à des pratiques sexuelles à risque. A ce titre, les jeunes adultes qui visionnent des contenus pornos sont bien plus susceptibles d’avoir des rapports non protégés que les jeunes non-consommateurs ou des rapports violents, voire non-consentis.
-
Impuissance et troubles de la sexualité
Selon plusieurs spécialistes, les jeunes hommes sont de plus en plus sujets au dysfonctionnement érectile et la pornographie n’y serait pas pour rien. Ce lien a d’ailleurs été établi par une partie du corps médical de la marine américaine, s’inquiétant d’un phénomène inédit.
La baisse du nombre des mariages serait en partie imputable à la consommation de pornographie puisque les jeunes adultes, surtout les hommes, perdent intérêt à chercher de vrais partenaires. D’ailleurs, certains préféraient la masturbation et la pornographie aux relations sexuelles réelles.
Sources (liens cliquables) :
- The Internet is For Porn: Measurement and Analysis of Online Adult Traffic Faraz Ahmed (2016), M. Zubair Shafiq, Alex X. Liu – Department of Computer Science and Engineering, Michigan State University : https://www.cse.msu.edu/~farazah/adult_icdcs16.pdf
- How Much of the Internet Consists of Porn? (2019), Katharina Buchholz, data journalist : https://www.statista.com/chart/16959/share-of-the-internet-that-is-porn/
- Porno-pandémie: Les enquêtes de l’Arrière-Cour (2020), Sabine Duflo, Psychologue clinicienne et thérapeute familiale, Membre du comité d’experts Jeune public au CSA http://www.sabineduflo.fr/porno-pandemie-les-enquetes-de-larriere-cour/
- L’Arkansas, l’Arizona, la Floride, l’Idaho, le Kansas, le Kentucky, la Louisiane, le Missouri, le Montana, l’Oklahoma, la Pennsylvanie, le South Dakota, le Tennessee, l’Utah et la Virginie sont les Etats à avoir reconnu la pornographie comme un problème de santé publique : https://www.governing.com/archive/gov-pornography-public-health-crisis-states.html
- Pornography addiction – a supranormal stimulus considered in the context of neuroplasticity (2013) Donald L. Hilton Jr. , MD : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.3402/snp.v3i0.20767
- Porn and Mirror Neurons (2009), Science Blogs : https://scienceblogs.com/cortex/2009/08/24/porn-and-mirror-neurons
- A functional endophenotype for sexual orientation in humans (2006), Jorge Ponseti, Hartmut A Bosinski, Stephan Wolff, Martin Peller, Olav Jansen, Hubertus M Mehdorn, Christian Büchel, Hartwig R Siebner https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16979350/
- Olsen, C. M., (2011). Natural rewards, neuroplasticity, and non-drug addictions. Neuropharmacology, 61, 1109-1122. doi:10.1016/j.neuropharm.2011.03.010;
- Nestler, E. J. (2005). Is There a Common Molecular Pathway for Addiction? Nature Neuroscience 9, 11: 1445–1449. doi:10.1038/nn1578
- Neuroscience of Internet Pornography Addiction: A Review and Update (2015) by Todd Love,Christian Laier,,Matthias Brand, Linda Hatch and Raju Hajela https://www.mdpi.com/2076-328X/5/3/388
- Neuroscientific Approaches to (Online) Pornography Addiction (2017) Rudolf StarkEmail authorTim Klucken https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-46276-9_7
- Hilton, D.L, & Watts, C. (2011). Pornography addiction: A neuroscience perspective, Surgical Neurology International 2, 19. doi:10.4103/2152-7806.76977
- Mood changes after watching pornography on the Internet are linked to tendencies towards Internet-pornography-viewing disorder (2016), Christian Laier, Matthias Brandab : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352853216300499
- Examining Correlates of Problematic Internet Pornography Use Among University Students (2016), Cody Harper, David C Hodgins : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27156383/
- Psychometric development of the Problematic Pornography Use Scale (2014),Ariel Kor, Sigal Zilcha-Mano, Yehuda A Fogel, Mario Mikulincer, Rory C Reid, Marc N Potenza : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24583276/
- Sniewski, L., & Farvid, P. (2020). Hidden in shame: Heterosexual men’s experiences of self-perceived problematic pornography use. Psychology of Men & Masculinities, 21(2), 201–212. https://doi.org/10.1037/men0000232
- Relationships between Exposure to Online Pornography, Psychological Well-Being and Sexual Permissiveness among Hong Kong Chinese Adolescents: a Three-Wave Longitudinal Study (2018), Cecilia M. S. Ma : https://link.springer.com/article/10.1007/s11482-018-9604-5
- Psychological and Forensic Challenges Regarding Youth Consumption of Pornography: A Narrative Review (2021); Aina M. Gassó, Anna Bruch-Granados : https://www.mdpi.com/2673-7051/1/2/9/htm
- Pornography Consumption and Condomless Sex among Emerging U.S. Adults: Results from Six Nationally Representative Surveys (2021), Paul J. Wright : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10410236.2021.1917745?journalCode=hhth20
- A Meta-Analysis of Pornography Consumption and Actual Acts of Sexual Aggression in General Population Studies (2015), Paul J. Wright https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jcom.12201